Le Matelot 512

" Matelot 512, le dernier film de René Allio feuilletone avec bonheur les grands standards de l’aventure populaire (…). Le Matelot 512 correspond sans conteste à une période de réconciliation idyllique (…). Allio badigeonne les décors à grands coups de trompe-l’œil et de toiles peintes. C’est le port de Toulon qui surgit de cette magie de carton-pâte, avec son grand café de la rade et ses réclames pour l’absinthe oxygénée Cusenier, plus vrai que le vrai puisque totalement faux. Depuis le rêve de Canebière, lui aussi redessiné en studio par Pagnol, on n’avait pas vu faux témoignage plus convaincant. A l’unisson de cet artifice, des dialogues sentimentaux beaux comme un livret d’opérette, porté à un tel point de gaieté lyrique [qu’on] a envie de (…) chantonner."

" En s’inspirant du manuscrit d’Emile Guinde, Allio a bel et bien reconstitué les mythologies sociales qui, à travers les romans populaires de la fin du dix-neuvième siècle aux années 20, ont façonné, sinon déformé, les esprits, pour le respect de la morale bourgeoise. Qu’on en tire ou non cette réflexion, le film est aussi passionnant qu’inattendu."

"Avec ses ciels peints, ses décors en trompe-l’œil, ses coups de feu, de théâtre et de foudre, ses amours dévorantes, son désert et ses tranchées boueuses, ce film est un malicieux roman-photo… et ce mélo-rétro du matelot d’Allio avec Penot et Sanda (…) est fatalement très beau !"

"Ce Matelot 512 a merveilleusement profité de l’aubaine. Il est débridé comme une escale, fou par sa longueur feuilletonesque, caricatural dans le portrait qu’il tire de ses seconds couteaux, superbement indifférent aux contradictions dans le récit. Ses décors sont traités avec le même mépris de la vraisemblance que ceux de Querelle de Fassbinder. Une maquette suffit à dessiner une rade, une explosion dans une cuvette à suggérer un naufrage : le merveilleux naît uniquement de ce que l’on accepte. Mais le dernier coup de baguette qui fait de l’affaire une grande réussite, c’est le choix des acteurs."