Les 7 samouraïs » est incontestablement un film de genre: Le genre de la guerre. Nous sommes au seizième siècle et des quatre points cardinaux, des hordes de voleurs attaquent un village où les paysans initiés à l'art de la guerre par les sept guerriers, repoussent les assauts des bandits.
Mais si ce film-là doit être aimé, apprécié et finalement rentrer dans le cercle restreint des films mythiques, ce n'est pas seulement pour sa mise en scène et sa photographie soignée (merveilleux plans de cavaliers enlisés dans la boue), mais aussi parce qu'il est burlesque, parfois poétique et qu’il est allégorique. Il est donc beaucoup de chose.
Takeshi Kitano est d’ailleurs un des dignes héritiers de Kurosawa et pour s’en rendre compte, il suffit de revoir le splendide « Hana-Bi » ou l’improbable « Achille et la Tortue ».
Plutôt débonnaires, nos sept samouraïs incarnent avec fatalisme mais sans aigreur ce Japon qui a perdu la guerre (le film a été tourné en 1954) et dont le passé glorieux est devenu encombrant. Jadis admirés, les combattants aux sabres sont aujourd’hui affamés et estiment leur déchéance à la hauteur des maigres propositions qui leur sont faites. Mercenaires de leur glorieux passé. Ils s’accommodent d’un novice et d’un hurluberlu porté sur le saké et leur périple les conduira au pied de leur déchéance : plan final magnifique où les survivants, contemplent le sommet d'un cimetière improvisé où dominent les tombes des leurs collègues tandis que plus bas, finalement victorieux, les paysans moissonnent les champs, tournés eux vers l'avenir. Ils les ont déjà oubliés.
« Nous avons encore survécu » dit dépité, le chef du clan samouraï, fatigué par un monde qui ne leur doit plus rien. Quant au novice, il décide de disparaître dans les champs et abandonne à leur mausolée prochain, les deux derniers des braves : pas de passeur et donc plus de demain.
Nous ne sommes pas loin du théâtre japonais ou du cinéma muet tant les acteurs et actrices surjouent mais ici avec quel bonheur ! Plus de trois heures, en noir et blanc et en VO… Vous imaginez le bonheur de cinéphile ! Vous reprendrez bien un peu de saké sur