
Nous filmons le peuple !
57minDocumentaire / Histoire du cinémaFrance
Nous filmons le peuple ! retrace le parcours des artistes polonais qui ont révolutionné le 7ème Art en filmant l'Histoire de leur pays, entre 1971 et 1981. Comment ont-ils réussi à contourner le régime ou à collaborer avec les hommes du Parti ? Un pacte avait-il été scellé ? Ce film est un voyage dans les extraits de films perdus ou de longs-métrages cultes et dans les témoignages des grands du cinéma polonais. Ceux qui l'ont façonné en tant que cinéastes, acteurs, chef opérateurs. Et ceux qui l'ont fait du coté de l'État-Parti : dignitaires, ministres, chefs de la cinématographie. Le film conte l'histoire exceptionnelle d'un affranchissement politique et artistique à l'intérieur du bloc soviétique, ou comment le peuple de Solidarité s'est retrouvé à Cannes.
Premier rôle : Andrzej Wajda
Premier rôle : Krystyna Janda
Premier rôle : Krzysztof Zanussi
Premier rôle : Marcel Lozinski
Premier rôle : Ryszard Bugajski
Premier rôle : Michal Jagiello
Premier rôle : Mieczyslaw Wojtczak
Réalisation : Ania Szczepanska
Scénario : Ania Szczepanska
Producteur : Nora Philippe
Directeur de la photo : Pawel Sobczyk
Montage : Sophie Reiter
Musique originale : Nicolas Rabaeus
- Type de film : Moyen métrage
- Couleur : Couleur
- Langues : Anglais, Français
- Date de production : 2013
- Pays de production : France
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Critique (1)
Culturopoing.com - Jean-Nicolas Schoeser: Nous filmons le peuple !
" Les systèmes fascistes ont cela de bien qu’ils finissent irrémédiablement par se fissurer pour laisser passer la lumière.
Pologne, années 50 : un mot, un sous-entendu, une chanson malvenue, et hop, une disparition à la clef, viva el communismo et tant pis pour le peuple. Vingt ans plus tard, la température remonte à peine, et si le système commence à tourner à vide, la colère doucement gronde.
C’est à cette drôle de vibration que va répondre une poignée de cinéastes polonais, formés dans les écoles d’Etat mais ayant appris dans la terreur les joies du slalom esthétique et moral avec une bureaucratie imbécile. C’est l’éveil progressif de ces francs-tireurs, leur accord avec la pulsation du dégel, dont le film Nous filmons le peuple trace non moins le portrait qu’un parcours.
Car celui qui espère y trouver un poussiéreux et exhaustif dictionnaire polonais du cinéma ferait mieux de passer chemin.
Pas un mot de Polanski par exemple, déjà très loin géographiquement, pas une seule référence à l’école de Lodz : ce que le film propose de raconter, ce n’est pas l’épopée cinématographique d’une génération, celle des " cinéastes de l’inquiétude morale " représentés par le groupe " X ", encore moins l’hagiographie habituelle de " cinéastes de lutte ". Ce qu’il démontre peu à peu, c’est plutôt ces moments de fission, ces instants trop rares où le cinéma se noue au réel.
D’un côté (les cinéastes) à l’autre (certains ex-représentants du Pouvoir), c’est alors tous les mécanismes d’une gangrène, naviguant entre compromis et compromission, intelligence et soumission obligatoire au système qui se déroule devant nous : l’apparition par la fiction, grâce aux relâchements inévitable du système, du virus nécessaire de la critique, porté par Lozinski, Kieslowski, Bugajski ou Zanussi entre autres.
C’est l’histoire par exemple des deux " hommes " de Wajda, L’homme de Marbre et L’homme de Fer, auxquels le film consacre près de la moitié de sa durée, et qui constituent les deux pics de bascule de l’Histoire, moments d’épiphanies.
(...)
Nous filmons le peuple réussit son assez complexe pari : celui de montrer, en moins d’une heure, comment quelques hommes ont rendu sa noblesse à la capacité de dialogue entre les tissus du réel et de la fiction, l’un nourrissant l’autre, le contredisant, le mettant à nu, voire, et c’est un instant rare, l’influençant. Un mouvement salutaire et nécessaire dans notre époque de médiocrité, et qui nous rappelle ce que peut la fiction quand l’homme commence à lutter. "
Pologne, années 50 : un mot, un sous-entendu, une chanson malvenue, et hop, une disparition à la clef, viva el communismo et tant pis pour le peuple. Vingt ans plus tard, la température remonte à peine, et si le système commence à tourner à vide, la colère doucement gronde.
C’est à cette drôle de vibration que va répondre une poignée de cinéastes polonais, formés dans les écoles d’Etat mais ayant appris dans la terreur les joies du slalom esthétique et moral avec une bureaucratie imbécile. C’est l’éveil progressif de ces francs-tireurs, leur accord avec la pulsation du dégel, dont le film Nous filmons le peuple trace non moins le portrait qu’un parcours.
Car celui qui espère y trouver un poussiéreux et exhaustif dictionnaire polonais du cinéma ferait mieux de passer chemin.
Pas un mot de Polanski par exemple, déjà très loin géographiquement, pas une seule référence à l’école de Lodz : ce que le film propose de raconter, ce n’est pas l’épopée cinématographique d’une génération, celle des " cinéastes de l’inquiétude morale " représentés par le groupe " X ", encore moins l’hagiographie habituelle de " cinéastes de lutte ". Ce qu’il démontre peu à peu, c’est plutôt ces moments de fission, ces instants trop rares où le cinéma se noue au réel.
D’un côté (les cinéastes) à l’autre (certains ex-représentants du Pouvoir), c’est alors tous les mécanismes d’une gangrène, naviguant entre compromis et compromission, intelligence et soumission obligatoire au système qui se déroule devant nous : l’apparition par la fiction, grâce aux relâchements inévitable du système, du virus nécessaire de la critique, porté par Lozinski, Kieslowski, Bugajski ou Zanussi entre autres.
C’est l’histoire par exemple des deux " hommes " de Wajda, L’homme de Marbre et L’homme de Fer, auxquels le film consacre près de la moitié de sa durée, et qui constituent les deux pics de bascule de l’Histoire, moments d’épiphanies.
(...)
Nous filmons le peuple réussit son assez complexe pari : celui de montrer, en moins d’une heure, comment quelques hommes ont rendu sa noblesse à la capacité de dialogue entre les tissus du réel et de la fiction, l’un nourrissant l’autre, le contredisant, le mettant à nu, voire, et c’est un instant rare, l’influençant. Un mouvement salutaire et nécessaire dans notre époque de médiocrité, et qui nous rappelle ce que peut la fiction quand l’homme commence à lutter. "