
Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne... Palme d'or au festival de Cannes 2019.
Premier rôle : Song Kang-Ho
Second rôle : Cho Yeo-Jeong
Second rôle : Park So-dam
Second rôle : Jang Hye-jin
Second rôle : Jung Hyeon-jun
Second rôle : Choi Woo-sik
Second rôle : Lee Jeong-eun
Second rôle : Lee Sun-kyun
Réalisation : Bong Joon-ho
Scénario : Bong Joon-ho
Scénario : Kim Dae-hwan
Scénario : Han Jin-won
Producteur : Jang Young-Hwan
Producteur : Moon Yang-kwon
Producteur : Kwak Sin-ae
Producteur : Barunson Film Division
Directeur de la photo : Kyung-Pyo Hong
Directeur de la photo : Hong Kyung-pyo
Montage : Jinmo Yang
Son : Eun Hee-soo
Musique originale : Jeong Jae-il
Décors : Lee Ha-jun
Costumes : Se-yeon Choi
- Date de sortie en salles : 05 juin 2019
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langues : Français, Coréen
- Date de production : 2019
- Pays de production : Corée du Sud
- Titre original : Gisaengchung
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Critiques (3)
- Libération - Luc Chessel: Parasite"Ce texte ne vous dira rien. Dans sa supplique aux critiques de cinéma qui découvraient Parasite au dernier Festival de Cannes, Bong Joon-ho priait la foule des scribes de ne pas révéler les péripéties de son film au-delà d’un certain point : l’intrusion du frère et de la sœur, imposteurs embauchés comme professeurs particuliers, dans la maison et dans la vie de la famille Park. Si la crainte mondiale du spoiler est un éloquent trait d’époque, où l’horreur de savoir à l’avance ce qui va se passer correspond au désir panique, sur le plan collectif ou historique, de ne pas le savoir (l’expression d’un mauvais pressentiment), l’intrigue de Parasite est elle-même chargée de cette double angoisse, à la fois narrative et destinale. Celle-ci est son principal combustible, et peut-être son seul thème : le spectateur n’espérant tout au long du film rien d’autre que le moment précis où les choses seront irrémédiablement gâchées, où il commencera à en savoir un peu trop sur ce qu’il est en train de voir, c’est-à-dire un peu plus qu’il n’aurait avoué s’être imaginé.
D’une part, Parasite ne vaut que par l’avancée de son récit, les effets de surprise et de suspense qu’il entretient ou déclenche, d’autre part il est le spectacle d’un mauvais pressentiment objectif, qui s’avérera non seulement justifié et confirmé, mais pris en charge et réfléchi par le film : s’agissant de la lutte à mort entre les riches et les pauvres, les choses ne peuvent que tourner mal ou tourner court. Vous ne pouviez que vous y attendre, ne faites pas les innocents, ne saviez-vous pas la fin à l’avance ? Mais surtout, ne la désirez-vous pas ? Au cinéma, et partout ailleurs ? Parasite est à lui-même son propre spoiler : d’une part en tant que spectacle qui se parasite lui-même, récit d’un récit reposant sur une longueur d’avance, en concurrence avec ses propres moyens (il se raconte en permanence ce qu’il raconte) ; d’autre part en tant que révélation de ce qui ne peut que se produire, en toute logique déchaînée, dans la société qu’il décrit, et qui est aussi celle du spectateur, coréen ou non, qu’il interpelle.
Au moment de recevoir la palme d’or à Cannes, Bong Joon-ho rendait d’ailleurs hommage au «cinéma français» en prononçant les noms de deux auteurs l’ayant inspiré entre tous, Henri-Georges Clouzot et Claude Chabrol. Si le discret haussement de sourcil dubitatif de Catherine Deneuve, qui venait de lui remettre le trophée, reste à ces mots la réaction la plus plausible, l’invocation explique aussi bien des choses. Parasite est un film méchant, un jeu de massacre qui ne sauve rien ni grand-monde, où le pressentiment est une forme donnée au ressentiment, empruntant pourquoi pas à Clouzot l’art miniature de la métaphore sociale et à Chabrol le goût de la cruauté objective, ou vice-versa - ici en partie transfigurés par le charme et l’ingéniosité de Bong, qui ne sont plus à prouver mais s’y trouvent un peu mises à l’épreuve. Comme chez ses maîtres, c’est le scénario qui fait le film et qui produit la mise en scène, quoiqu’ici la mécanique et ses marionnettes soient plutôt livrées à l’accidentel («No plan !» réplique récurrente du père de nos deux intrus, Ki-Taek), les choses partant en vrille par hasard puis par une série d’accidents, pressentis dans leurs grandes lignes mais étonnants dans leurs détails. On assiste à une sorte de déterminisme paradoxal, où les personnages, ceux de la famille pauvre comme ceux de la famille riche, seraient laissés libres de trouver le chemin vers des points fixes, balises d’une violence inéluctable. Dans le monde distribué d’avance, la vie est un spoiler.
Dans l’univers de Bong Joon-ho, la vie est aussi un parasite. C’est le biologique qui l’intéresse - la lutte des classes en étant ici, comme le titre l’indique, une déclinaison - exploré non seulement comme métaphore, mais comme outil de description du monde. Ce qui a toujours fait de lui un cinéaste contemporain, profondément comique, amoral et égalitaire, auteur de films où le social est un attribut de l’espèce, et qui décrivent sans cesse un espace où les deux sphères, le politique et le biologique, sont censées se recouper plus qu’ailleurs : soit la famille - ici deux familles se parasitant réciproquement. La lutte des classes y apparaît avant tout comme un partage des corps, différenciés par leurs milieux, les abris souterrains des pauvres et les hauteurs urbaines et architecturales de la famille Park.
Le sale et le propre : l’histoire sera le trajet de l’un vers l’autre, la maculation du second par le premier, sans retour possible au mensonge de la pureté. Parasite décrit une remontée, l’irruption littérale, dans les étages, du sous-sol ou du bas-fond avec ses odeurs, ses monstres et ses codes, le rejaillissement de sa colère - intrusion déjà évidente dans The Host (2006) et sa créature aquatique, dans les dérèglements pulsionnels de Memories of Murder (2003) et de Mother (2009), dans la remontée horizontale du train de Snowpiercer (2013) et la reconquête de la pure surface audiovisuelle d’Okja (2017) par une insurrection du vivant. Ce nouveau film fait retour vers un imaginaire de la profondeur, plus proche de l’œuvre coréenne de Bong, par rapport à ces deux derniers, productions internationales, en même temps qu’il semble proposer une synthèse de leurs différents gestes, styles ou thèmes. Voire une récapitulation, retraçant en un film une filmographie, repartant de la famille branque et brute pour parvenir à l’invasion métaphorique d’une belle demeure, remontant de l’inspiration fait-divers de Memories au récent style ultra-allégorique distribué par Netflix (dont Okja avait profité et pâti des faveurs), infiltrant les hauteurs du ciné-capital. Portrait du cinéaste en parasite, écrivant son autobiologie en langage codé, comme un signal de lumière émis en morse, depuis les carnets du sous-sol vers la surface d’une villa grand luxe (ceci est un spoiler). C’est cette solitude, désespoir grimaçant d’une bouteille à la mer, qui l’emporte sur les quelques fraternités et alliances qui subsistaient dans les films précédents : flacon amer qui vaut tout l’or d’une palme mais pas beaucoup plus, si ça peut vous dire quelque chose."
- CinemaTeaser - Emmanuelle Spadacenta: Parasite"Dans TRANSPERCENEIGE, Bong Joon Ho avait filmé la révolution à l’horizontal, dans une course folle, droit devant vers la justice. Dans un nouvel exercice de mise en scène politique, c’est à la verticalité sociale qu’il s’en prend. La famille de Ki-Taek (Song Kang-ho) vit en entresol, dans une drôle de rabouillère biscornue, les fenêtres à ras de plafond. Et c’est donc à ras du bitume que tous assis dans la cuisine, ils observent leur quartier un peu pourri et les ivrognes qui pissent à leurs carreaux. Au chômage, malins en diable et bourrés de talent chacun dans son domaine – l’abus de confiance, l’extorsion, le mensonge, la contrefaçon –, ils vont doucement s’incruster chez les Park, famille très riche et dans le besoin presque maladif de s’entourer d’employés. L’un va donner des cours d’anglais à l’aînée, l’autre prodiguer des cours d’art-thérapie bidonnés au petit et Ki-Taek et son épouse finiront bien aussi par se rendre indispensables. C’est le but de ce home-invasion movie silencieux et sans effusion : organiser la rencontre de deux classes qui n’auraient pas dû se rencontrer et observer comment tout ça va se terminer. Dans cette maison d’architecte dont les baies vitrées offrent des vues sans horizon, personne n’entendra les riches et les pauvres s’écharper. Le film distille une ironie mordante : les uns sont d’une bêtise à pleurer, méprisants. Les autres ont une morale douteuse, ils sont bouffis de jalousie. Maîtrisant totalement l’espace, Bong Joon Ho va chorégraphier un drôle de ballet : la classe bourgeoise brasse du vent et s’agite autour d’une classe pauvre qu’elle voit à peine, pendant que cette dernière, aux gestes précis, manigance en échappant au regard des riches. C’est d’une précision de mise en scène qui ferait pâlir Hitchcock.
D’abord, PARASITE ricane du snobisme et persifle la convoitise, renvoyant dos à dos la médiocrité de chacun. Bong Joon Ho n’est pas homme de constat ; à travers ses films, il conjecture de possibles issues. Quand il décide, avec son scénario impitoyable, que les deux familles vont enfin se percuter, c’est au flair que ça va se passer. Les riches, inodores, incolores, insipides (à en croire le réalisateur qui n’a jamais vu dans la bourgeoisie un sujet digne d’intérêt jusque-là), ont une manière très personnelle de reconnaître les pauvres. C’est là que Ki-Taek, déconfit, va plonger dans une tragédie qui transforme totalement le film. Song Kang-ho, peut-être l’un des meilleurs acteurs au monde, n’a pas besoin de mot pour transmettre à l’image la violence de l’humiliation. C’est le premier déclic du film pour passer, comme une bête en constante mutation, de petite farce chabrolienne écrite à la perfection à film d’horreur domestique tendance massacre social – on y a vu le US de Jordan Peele en version moins cérébrale, moins conceptuelle et beaucoup plus viscérale, plus entière. PARASITE ne tarit jamais de surprise, ni de détails (visuels, dialogués) éloquents – et souvent assassins – sur l’imperméabilité des classes. La tristesse et la colère chevillées au corps, Bong Joon Ho redouble d’humour (la politesse du désespoir) et de violence pour nous jeter au visage l’absurdité de ce monde. Être si humain, si universel, avec un film d’intérieur comme un huis clos, c’est toucher du doigt le pouvoir absolu du cinéma."
- Bande à part.fr - François-Xavier Taboni: Parasite"La première Palme d’Or pour la Corée du Sud décernée à Parasite récompense enfin les grandes ambitions de Bong Joon-ho, réalisateur fermement ancré dans le cinéma de genre (polar, fantastique, SF, thriller…), dont la personnalité transpire à chaque plan. Mais revenons sur son intrigue (sans trop la dévoiler pour respecter les volontés de son auteur) : rois de la combine et de la débrouille, Ki-taek, son épouse et leurs deux enfants vivent très chichement dans un sous-sol crasseux, sans cesse à la recherche d’expédients. Tout change quand le fils, Ki-woo, se voit proposer par un ami de donner des cours d’anglais à l’aînée d’une famille très bourgeoise, les Park. Il est bientôt rejoint par sa sœur, puis ses parents, qui, sous de fausses identités, et par des procédés plus que discutables, parviennent à se rendre indispensables aux Park. Jusqu’à ce que leur stratagème trop bien huilé se grippe. C’est ce grain de sable humain qui fait tout le prix du septième long-métrage de Bong Joon-ho.
Mécanique en tous points brillante, de son écriture à l’interprétation, en passant par une mise en scène au cordeau, Parasite est justement encore plus passionnant quand tout se dérègle. On aurait pu se contenter, en effet, du programme annoncé, mélange de comédie sociale, de thriller et de slapstick, mais le réalisateur de The Host dépasse nos attentes grâce au regard qu’il porte sur tous ses personnages, sans exception.
Qu’ils soient riches ou pauvres, roués ou naïfs, ou tout simplement stupides, ils ne sont jamais regardés de haut par le réalisateur. On savait déjà que l’immense Song Kang-ho (Memories of Murder, Secret Sunshine, JSA) possédait une palette de jeu à même de satisfaire les réalisateurs les plus raffinés, mais c’est ici l’ensemble de la troupe de comédiens qui s’accorde avec une incroyable justesse à la complexité des affects décrits par le cinéaste.
Leurs personnages rejoignent la famille brisée de The Host, les passagers / prisonniers du Snowpiercer et même les protagonistes du moins réussi Okja dans la très cohérente filmographie d’un cinéaste qui sait s’adresser à un public de plus en plus vaste sans jamais concéder un pouce de ses ambitions d’auteur."
vos avis (64)
Tout voir- jerey07 février 2025
- Alain16 janvier 2025Un film original sur le thème du choc des classes sociales. De bons acteurs. Des scènes tout de même un peu gore et déjantées dans la deuxième partie.
- CARINE10 décembre 2024Inattendu ! Une comédie qui vire à la tragédie sur fond de dignité humaine et d'inégalités sociales.
- Jérémie08 décembre 2024Excellent !
- Simon29 octobre 2024
- Nathan28 octobre 2024Chef d'œuvre ! Derrière une intrigue qui ne cesse de rebondir, le film dépeint avec justesse et subtilité l'antagonisme des classes sociales. Ce regard de biais, grâce à son côté loufoque qui frôle l'humour absurde, sublime la critique sociologique émise par le réalisateur.
- 4518923 septembre 2024
- Tamari23 septembre 2024
- 2890020032022305 septembre 2024
- E100910240964503 septembre 2024
- Samantha18 août 2024Un véritable chef d'œuvre !
- Evelyne12 août 2024
- Marine24 juillet 2024
- MARTIN18 juillet 2024Que dire quand tout à déjà été dit sur un tel film ? Le scénario est tout simplement exceptionnel, la mise en scène grandiose, le montage exceptionnel et les comédiens tous remarquables. Voilà un long-métrage qui brasse allègrement de nombreux genres (comédie, drame, horreur, thriller…) avec une puissance et une virtuosité incomparable. C'est un film que l'on peut voir 10 fois tant il est d'une acuité sociale et d'une richesse inouïe. En un mot, comme en cent : un chef-d'œuvre absolu.
- 1010213816 juillet 2024
- Nada21 juin 2024
- Nicolas18 mai 2024Une comédie très rythmée et totalement déjantée. Au top!
- Jean-David11 mai 2024Une histoire banale qui dégénère .. décalage dans une société d'inégalité... jusqu'ou peut on aller? un film crescendo, bravo !
- Solène04 mai 2024
- Utilisateur anonyme29 avril 2024