À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes…
Réalisation : Arnaud Desplechin
Scénario : Léa Mysius
Acteurs principaux : Léa Seydoux
Acteurs principaux : Sara Forestier
Acteurs principaux : Antoine Reinartz
Acteurs principaux : Roschdy Zem
- Date de sortie en salles : 21 août 2019
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2018
- Pays de production : France
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Critiques (3)
- Bande à part - Anne-Claire Cieutat : Roubaix, une lumièreAvec "Roubaix, une lumière", Arnaud Desplechin signe un film plus modeste en apparence, mais dont la force évocatrice est tout aussi opérante. Son scénario se nourrit d’images télévisées, issues du documentaire de Mosco Boucault, "Roubaix, commissariat central", qui n’ont cessé de le hanter depuis une dizaine d’années et qu’il retravaille ici avec sa coscénariste Léa Mysius. Cette matière extraite du réel fait le lit de la fiction et permet au récit, ainsi ancré, de se déployer et d’atteindre une dimension métaphysique de grande ampleur.
Car dans cette enquête où doit se démontrer la supposée culpabilité de deux protagonistes, se met en mouvement une valse entre la vérité et le mensonge, le visible et l’invisible, l’humain et l’inhumain. Autant de zones frontières insondables que ce film parvient à approcher.
Parmi ses images inaugurales, celle d’un feu dans la ville. Nous sommes à Roubaix au moment de Noël et une voiture brûle, la nuit. Cette scène, qui aurait pu être spectaculaire, est filmée furtivement, puisqu’elle est perçue depuis un véhicule de police en mouvement. Elle exprime à elle seule l’âme de ce film : les ténèbres y sont perceptibles à l’œil nu, à la manière délicate que décrit Junichirô Tanizaki dans son "Éloge de l’ombre". Le travail remarquable de la chef opératrice Irina Lubtchansky fait ainsi se côtoyer l’or et la nuit, la lumière et l’ombre, qui fait appel à l’imaginaire. Dans chaque image nocturne de ce film se devinent mille nuances de lueurs diffuses, porteuses de mystères. Chaque photogramme semble ainsi contenir en son sein les enjeux scénaristiques de ce récit, où il est autant question de misère humaine que d’élégance morale.
C’est qu’il y a de grands moments de jeu et de cinéma dans ce film, qui jongle habilement avec les points de vue, avec ce qui fait face à la caméra et ce qui s’y dérobe. Plus linéaire que son film précédent, il est une étape passionnante sur le chemin d’un cinéaste en perpétuelle recherche.
- Libération - Marcos Uzal : Roubaix une lumièrePartant d’une matière imbibée de détresse sociale, Desplechin tire un film qui est pourtant à l’opposé du tout-venant du cinéma social français contemporain. D’un classicisme quasi anachronique, il s’écarte d’une représentation vériste de la police à travers une figure de commissaire (Roschdy Zem) incarnant à elle seule une morale intemporelle. Evitant un paternalisme à la Gabin dernière période, que l’on peut craindre au début, sa droiture laconique rejoint plutôt les grands humanistes américains (Ford, Hawks), chez qui l’idée d’ordre est moins un principe autoritaire qu’une exigence éthique, plus apaisante que punitive. Et ce commissariat idéalisé est le lieu où l’on cherche la vérité, où l’on tente d’éclairer l’obscurité du monde, où l’on en recueille la détresse. Un cinéaste comme Abdellatif Kechiche - que Desplechin admire et dont, ça n’est pas un hasard, il reprend ici deux actrices : Sara Forestier et Léa Seydoux - épouse le désordre du monde pour en extraire une beauté triviale, voire amorale. Au contraire, Desplechin, comme le commissaire Daoud, ne cherche ici qu’à éclaircir ce qui est opaque, qu’à démêler ce qui est confus, sans jamais discerner éthique et beauté : c’est la quête des classiques.
Le commissariat de "Roubaix, une lumière" représente donc un idéal cinématographique pour Desplechin, et son commissaire une sorte d’alter ego rêvé. Les interrogatoires font surgir des paroles du fin fond d’un silence terrible, comme s’écrit un scénario ; avant que les gestes de la reconstitution ramènent à la lumière une scène invisible, comme celles qui s’incarnent dans un tournage de film. Là est le seul salut possible pour Desplechin : tenter de s’approcher au plus près de la clarté des mots et de la précision des gestes. Il est d’ailleurs ici souvent question de voir ce qui tente d’échapper à la vue, comme ce violeur qui esquive les caméras de surveillance. «Je vois maintenant, je vois», dit le jeune inspecteur Coterelle (Antoine Reinartz) lors d’un interrogatoire.
- Le Parisien - Pierre Vavasseur : Roubaix, une lumièreEn 2002, la ville de Roubaix (Nord) a été le théâtre d'un meurtre commis par deux jeunes femmes sur une octogénaire. L'enquête et l'aveu des deux auteures avaient notamment nourri un film réalisé par le documentariste Mosco Boucault, « Roubaix, commissariat central, affaires courantes », réalisé pour France 3.
C'est cette affaire qu'a choisi à son tour de placer au cœur de son nouveau long-métrage, atypique au regard de ses œuvres précédentes plus portées vers l'intime, le réalisateur Arnaud Desplechin. Il est né dans cette même ville qu'il s'est d'abord employé à fuir, avant d'éprouver le désir de porter sur elle un nouveau regard. Il en a tiré ce « Roubaix, une lumière », présenté en mai dernier en sélection officielle au Festival de Cannes. Il y met en scène, une nuit de Noël, le commissaire Daoud, qu'incarne Roschdy Zem, flanqué d'une jeune recrue, Louis (Antoine Reinartz), confronté au tout venant d'une nuit de garde - pas la meilleure partie du film, un peu trop surjouée par Philippe Duquesne dans la peau d'une fausse victime - avant de se charger de cette enquête.
L'œuvre se mue dès lors en un interrogatoire patient de Claude (Léa Seydoux) et Marie (Sara Forestier), suivi d'une méthodique reconstitution des faits. Peu à peu, l'étau se resserre autour des deux femmes, de moins en moins capables de faire front ensemble. Tout ce pan du film est en revanche quasi hypnotisant, et le jeu déployé par le duo d'actrices aurait largement mérité d'être salué au palmarès du Festival de Cannes, tant il est l'exploration d'une détresse.
Sara Forestier, en animal terrorisé, bousculant ses mots, empêtrée dans son fragile système de défense, est ainsi particulièrement poignante. C'est même peut-être d'abord elle, au fond, la « lumière » de ce film, par ce qu'elle exprime dans son désarroi de regrets assumés, mais aussi d'une détresse sociale qui nous broie les yeux.
vos avis (65)
Tout voir- Solenne07 février 2024
- BastienTA02 octobre 2023
- Bruno21 mai 2023
- Monique06 mai 2023
- Victor11 novembre 2022Rarement vu un scénario aussi indigent, un jeu d'acteurs aussi incohérent, le tout sur deux heures qui sont une vraie torture. Ce n'est pas un film, il n'y a pas de réalisateur, c'est un brouillon de scénario laissé en l'état et récupéré par erreur pour le rush insipide et inconsistant à qui on a donné un titre tout aussi à contresens.
- Hélène04 novembre 2022
- Anastasia29 août 2022Très beau film, beaucoup d'empathie, y compris là où on ne l'attendrait pas !
- Marie-Catherine11 décembre 2021
- 1008453624 juin 2021Amateurs d'effets spéciaux à l'américaine et d'accroches extravagantes, passez votre chemin ! Ici : que de l'authentique, du vrai, de l'émotion de dimension juste humaine. Une visite sans concession dans les tréfonds de la déchéance ordinaire que nourrit une misère implacable à la "Zola" cependant toujours actuelle... tristement. Natif de Lille, ayant vécu mes trente premières années dans l’agglomération Lille-Roubaix-Tourcoing en plus d'avoir terminé ma carrière comme prof en milieu carcéral à Perpignan, je ne peux que souscrire à la démonstration de ce terrible témoignage. Merci pour le partage de ce très beau film.
- Margherita01 avril 2021
- Michèle27 mars 2021Dire que j ai voulu arrêté au début car trop vrai, trop triste, trop dur. Je serai passé à côté d une œuvre humainement profonde.
- Johanès19 mars 2021
- Bérengère13 mars 2021la Misère humaine....
- Françoise24 janvier 2021
- Béatrice19 janvier 2021
- Camille13 janvier 2021
- Mélanie09 janvier 2021
- François07 janvier 2021
- DAVID25 octobre 2020
- Fabien02 octobre 20203 très bons acteurs et actrices perdus dans un double épisode de Navarro.