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Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures
1H35Documentaire / HistoirePologne
Plus de vingt ans après leur conversation enregistrée pour "Shoah", en 1979, Claude Lanzmann revient vers Yehuda Lerner; à 16 ans, il fut l’un des acteurs de la révolte des Juifs du camp polonais d’extermination de Sobibor. Le 14 octobre 1943, à 16 heures précises, il foudroya un officier allemand d’un coup de hache, imité au même instant par quelques-uns de ses camarades qui tuèrent ainsi la vingtaine de soldats qui les gardaient, permettant aux déportés de fuir dans les bois. Ce fut la seule révolte réussie d'un camp d'extermination nazi.
Premier rôle : Yehuda Lerner
Réalisation : Claude Lanzmann
Directeur de la photo : Dominique Chapuis
Directeur de la photo : Caroline Champetier
Montage : Chantal Hymans
Montage : Sabine Mamou
Son : Bernard Aubouy
- Date de sortie en salles : 17 octobre 2001
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2000
- Pays de production : France
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Critiques (2)
Libération - Antoine de Baecque: Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures
" Pas de poésie après Auschwitz, certes, mais du
cinéma, oui : la Shoah devient elle-même la possibilité de ces paroles
et de ces images.
C’est, par exemple, la manière dont Lanzmann écoute Lerner. Cette façon de le recadrer, au moment où il mime le geste qui lui permit, longtemps auparavant, de fendre le crâne de l’officier nazi ; ces travellings sur les rails, sur les paysages, sur les arbres, qui reprennent à distance les visions des déportés. De même, le ballet des voix dans le film, composé par celles de Lanzmann, de Lerner, et de la traductrice, qui se répondent, s’attendent, se cherchent, s’écoutent. Jusqu’à ce troupeau d’oies blanches qui, près de soixante ans plus tard, couvrent toujours de leurs piaillements les cris des Juifs exterminés.
Ces mouvements, ces voix, ces bruits, proposent une mise en scène : celle qui fait revenir du passé et de la mort, tout en refusant de nier ce passé et cette mort. Car le temps est passé, les corps ont vieilli, la gare est délabrée, l’herbe a poussé, mais le cinéma propose une expérience inégalée de cette présence de la mort, qui revient jusqu’à nous par les gestes et les paroles de la vie."
C’est, par exemple, la manière dont Lanzmann écoute Lerner. Cette façon de le recadrer, au moment où il mime le geste qui lui permit, longtemps auparavant, de fendre le crâne de l’officier nazi ; ces travellings sur les rails, sur les paysages, sur les arbres, qui reprennent à distance les visions des déportés. De même, le ballet des voix dans le film, composé par celles de Lanzmann, de Lerner, et de la traductrice, qui se répondent, s’attendent, se cherchent, s’écoutent. Jusqu’à ce troupeau d’oies blanches qui, près de soixante ans plus tard, couvrent toujours de leurs piaillements les cris des Juifs exterminés.
Ces mouvements, ces voix, ces bruits, proposent une mise en scène : celle qui fait revenir du passé et de la mort, tout en refusant de nier ce passé et cette mort. Car le temps est passé, les corps ont vieilli, la gare est délabrée, l’herbe a poussé, mais le cinéma propose une expérience inégalée de cette présence de la mort, qui revient jusqu’à nous par les gestes et les paroles de la vie."
Les Inrockuptibles - Frédéric Bonnaud: Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures
" D'une douloureuse sobriété, la diction de Lanzmann met fin au récit
à suspens pour rappeler l'ampleur du crime, son horreur comptable, sa
précision procédurière."