
Carole Matthieu
1H25Cinéma / DrameFrance
Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.
Premier rôle : Isabelle Adjani
Premier rôle : Corinne Masiero
Premier rôle : Lyes Salem
Premier rôle : Ola Rapace
Premier rôle : Arnaud Viard
Premier rôle : Pablo Pauly
Premier rôle : Sarah Suco
Premier rôle : Sébastien Chassagne
Premier rôle : Marie-Christine Orry
Réalisation : Louis-Julien Petit
Scénario : Louis-Julien Petit
Scénario : Samuel Doux
Scénario : Fanny Burdino
Directeur de la photo : David Chambille
Montage : Antoine Vareille
Montage : Nathan Delannoy
Son : Julien Blasco
Musique originale : Laurent Perez Del Mar
Décors : Cécile Deleu
Costumes : Elise Bouquet
Costumes : Reem Kuzayli
Auteur de l'oeuvre originale : Marin Ledun
- Date de sortie en salles : 07 décembre 2016
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Français
- Date de production : 2016
- Pays de production : France
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Critiques (2)
Les Inrockuptibles - Vincent Ostria, 16/11/2016: Carole Matthieu
" Ce n’est pas la première fois qu’Isabelle Adjani incarne une femme “dans un état proche de l’Ohio”, pour reprendre les célèbres paroles de la chanson que Gainsbourg avait jadis écrite pour elle. Et ce n’est pas dû à un virage autodestructeur dans sa carrière et dans ses rôles.
En fait, dès sa jeunesse, Isabelle a toujours joué des personnages extrêmes, à bout, disjonctés, dès L’Histoire d’Adèle H de Truffaut en 1975. On peut encore citer dans le même esprit Possession d’Andrzej Zulawski, L’Eté meurtrier de Jean Becker, Camille Claudel de Bruno Nuytten ou La Reine Margot de Patrice Chéreau. Autant de rôles pleins de sang et de fureur qui ont fondé le style de jeu tout en tension de cette grande actrice. Plus récemment, il y a eu La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld, où elle était une prof en burn-out prenant en otage ses élèves sous la menace d’une arme.
Dans Carole Matthieu, c’est un peu le même principe : elle tient le rôle d’une médecin du travail désespérée, dans une entreprise de télémarketing aux locaux futuristes aussi impressionnants que ses techniques de “hard management” sont inhumaines. On ne peut pas dire que la comédienne soit délirante ni sidérante dans le rôle, qu’elle assume avec tout son savoir-faire coutumier, sans jamais en rajouter – elle est la seule interface humaine entre ce monde cruel et les employés, chair à canon d’un nouveau secteur tertiaire sans foi ni loi. En fait, c’est surtout son personnage qui paraît sidéré ou hébété. On est de plus en plus frappé par le masque presque immuable de l’actrice (botox ?), sous lequel bouillonnent les tourments de son personnage. Elle en est d’autant plus forte et bouleversante.
Si c’est bien un film social, qui comme d’autres creuse et illustre les dérives oppressantes et violentes du monde du travail (cf. la vague de suicides chez Orange, autre entreprise de télécommunications), illustrée récemment sur un mode light dans le récent Maman a tort, c’est avant tout un film de personnage. La faiblesse et la fragilité de Carole Matthieu, à l’instar de celle des employés dont elle est la confidente, font la singularité de ce téléfilm cousu-main, (...). Ce n’est évidemment pas par hasard qu’Adjani a choisi d’être Carole Matthieu. Elle l’a fait pour l’incandescence de cette passionaria du monde contemporain, version laïque de la figure de la sainte et de la martyre."
En fait, dès sa jeunesse, Isabelle a toujours joué des personnages extrêmes, à bout, disjonctés, dès L’Histoire d’Adèle H de Truffaut en 1975. On peut encore citer dans le même esprit Possession d’Andrzej Zulawski, L’Eté meurtrier de Jean Becker, Camille Claudel de Bruno Nuytten ou La Reine Margot de Patrice Chéreau. Autant de rôles pleins de sang et de fureur qui ont fondé le style de jeu tout en tension de cette grande actrice. Plus récemment, il y a eu La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld, où elle était une prof en burn-out prenant en otage ses élèves sous la menace d’une arme.
Dans Carole Matthieu, c’est un peu le même principe : elle tient le rôle d’une médecin du travail désespérée, dans une entreprise de télémarketing aux locaux futuristes aussi impressionnants que ses techniques de “hard management” sont inhumaines. On ne peut pas dire que la comédienne soit délirante ni sidérante dans le rôle, qu’elle assume avec tout son savoir-faire coutumier, sans jamais en rajouter – elle est la seule interface humaine entre ce monde cruel et les employés, chair à canon d’un nouveau secteur tertiaire sans foi ni loi. En fait, c’est surtout son personnage qui paraît sidéré ou hébété. On est de plus en plus frappé par le masque presque immuable de l’actrice (botox ?), sous lequel bouillonnent les tourments de son personnage. Elle en est d’autant plus forte et bouleversante.
Si c’est bien un film social, qui comme d’autres creuse et illustre les dérives oppressantes et violentes du monde du travail (cf. la vague de suicides chez Orange, autre entreprise de télécommunications), illustrée récemment sur un mode light dans le récent Maman a tort, c’est avant tout un film de personnage. La faiblesse et la fragilité de Carole Matthieu, à l’instar de celle des employés dont elle est la confidente, font la singularité de ce téléfilm cousu-main, (...). Ce n’est évidemment pas par hasard qu’Adjani a choisi d’être Carole Matthieu. Elle l’a fait pour l’incandescence de cette passionaria du monde contemporain, version laïque de la figure de la sainte et de la martyre."
Le Monde - Véronique Cauhapé, 18/11/2016: Carole Matthieu
" ... Isabelle Adjani ne considère pas son métier d’actrice comme une profession mais comme une profession de foi. Elle l’a beaucoup répété et l’exprime encore à travers son engagement dans ce téléfilm librement inspiré du roman de Marin Ledun Les Visages écrasés (Seuil, « Roman noir », 2011). Un livre qu’elle a découvert, il y a quelques années, grâce à Jean-Paul Lilienfeld, alors désireux de l’adapter pour la télévision. Le projet n’a pu voir le jour, mais, plus tard, lorsqu’on a proposé à l’actrice une option sur les droits de l’ouvrage, elle a dit oui.
(...) Carole Matthieu est avant tout une immersion. Une immersion dans une entreprise de télévente, Melidem, où, depuis une plate-forme assourdissante, des employés, écouteurs vissés aux oreilles, relancent sans relâche des clients sous la haute surveillance de managers munis d’une double écoute qui leur permet de diriger et de corriger les communications en direct. Soumis à une pression et à une tension constantes, à l’humiliation et au harcèlement, les salariés résistent par crainte d’être congédiés, se réfugiant parfois dans le bureau de Carole Matthieu, la seule qui les regarde et les écoute, attentive mais impuissante. Rien – un suicide s’est déjà produit dans l’entreprise – ni personne ne pouvant convaincre ni contraindre les dirigeants et les cadres d’assouplir leurs méthodes.
Le téléfilm suit cela, le défilé d’hommes et de femmes dans le cabinet médical, les dérives au jour le jour du management qui oppresse et écrase, la peur de ne pas être bien noté, d’être viré. Il suit aussi Carole Matthieu, dépositaire des souffrances, éponge à misère et à angoisse qui finira par tomber elle-même dans le précipice au bord duquel tout le monde se tient.
A travers une bande-son saturée, Carole Matthieu nous plonge dans la cacophonie de cette ruche dans laquelle chacun est seul, isolé, pétrifié. Il filme, et appuie par le montage, les gestes, les mots, les entretiens répétés à l’infini. Et, sur ce point, il traduit ce que Marin Ledun décrivait dans son roman."
(...) Carole Matthieu est avant tout une immersion. Une immersion dans une entreprise de télévente, Melidem, où, depuis une plate-forme assourdissante, des employés, écouteurs vissés aux oreilles, relancent sans relâche des clients sous la haute surveillance de managers munis d’une double écoute qui leur permet de diriger et de corriger les communications en direct. Soumis à une pression et à une tension constantes, à l’humiliation et au harcèlement, les salariés résistent par crainte d’être congédiés, se réfugiant parfois dans le bureau de Carole Matthieu, la seule qui les regarde et les écoute, attentive mais impuissante. Rien – un suicide s’est déjà produit dans l’entreprise – ni personne ne pouvant convaincre ni contraindre les dirigeants et les cadres d’assouplir leurs méthodes.
Le téléfilm suit cela, le défilé d’hommes et de femmes dans le cabinet médical, les dérives au jour le jour du management qui oppresse et écrase, la peur de ne pas être bien noté, d’être viré. Il suit aussi Carole Matthieu, dépositaire des souffrances, éponge à misère et à angoisse qui finira par tomber elle-même dans le précipice au bord duquel tout le monde se tient.
A travers une bande-son saturée, Carole Matthieu nous plonge dans la cacophonie de cette ruche dans laquelle chacun est seul, isolé, pétrifié. Il filme, et appuie par le montage, les gestes, les mots, les entretiens répétés à l’infini. Et, sur ce point, il traduit ce que Marin Ledun décrivait dans son roman."