Klaus Barbie est un des plus célèbres criminel de guerre nazis. Il a torturé ou déporté 14 000 résistants et envoyé dans les camps plus de 7500 juifs, dont les 44 enfants d'Izieu. Le plus jeune avait 4 ans. Chef de la Gestapo à Lyon en 1943-44, il a arrêté et torturé à mort Jean Moulin, le chef de la résistance française.
Sa longue cavale est un incroyable film. Pourquoi a-t-il échappé aux Français qui l'avaient pourtant retrouvé en Allemagne dès 1949 ? Comment est-il devenu un agent de la CIA ? Qui a organisé sa fuite en Amérique latine ? Quels rôles sombres y jouaient des réseaux d'anciens SS ? Comment a-t-il pu devenir trafiquant d'armes pour le compte des services secrets allemands ? Pourquoi les dictateurs boliviens ont-ils voulu faire de lui le chef de leurs escadrons de la mort ? Qu'en disent ceux qu'il a fait torturer ? Quel rôle a-t-il joué dans la traque de Che Guevara ? Comment les époux Klarsfeld, célèbres chasseurs de nazis, ont-ils réussi à le retrouver ? Pourquoi a-t-il ensuite pu rester 10 ans en liberté à La Paz avant d'être livré à la France ? Qui le protégeait ? Il sera finalement condamné à perpétuité pour 17 crimes contre l'Humanité à Lyon en 1987.
Ce film épique retrace en détails l’histoire secrète de la traque de Klaus Barbie. Et révèle, grâce à l'accès à des documents inédits, les protections scandaleuses que lui ont assuré les services secrets allemands et américains.

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Critique (1)

Le Monde - Antoine Flandrin : Klaus Barbie, la traque
De facture classique, le film reprend de nombreuses images d’archives désormais connues. Le récit n’en demeure pas moins captivant. Il y a bien sûr la, ou plutôt les traques : celle infructueuse entreprise par la justice et les services secrets français après la guerre ; celle héroïque de Beate Klarsfeld, enchaînée devant le palais présidentiel bolivien, réclamant l’extradition de Barbie en 1972 ; ou encore celle, avortée, de Michel Cojot-Goldberg, fils de déporté, qui, une fois devant Barbie, renonça à l’assassiner.
Mais ce qui frappe le plus, c’est le jeu des services secrets occidentaux qui, après la guerre, ont tout fait pour protéger Barbie, devenu un maillon essentiel dans la lutte anticommuniste en Allemagne, puis en Amérique latine. Le Counter Intelligence Corps – le CIC, qui deviendra la CIA – recrute ainsi Barbie pour repérer les communistes parmi les Français installés en Allemagne. Plutôt que de le livrer à la justice française, les Américains préféreront l’exfiltrer. L’ancien SS gagnera la Bolivie. Au service des dictateurs, il deviendra un conseiller militaire écouté, mais également un vendeur d’armes hors pair pour le compte du BND. Une ascension fulgurante, qui ne prendra fin qu’après l’élection d’un président de gauche, Hernan Zuazo. Et encore, il faudra que la France de Mitterrand livre 2 000 mitraillettes à La Paz pour obtenir enfin l’extradition du bourreau nazi.
Antoine Flandrin

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