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Pierrot le Fou

De Jean-Luc Godard (1965)
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4/5
9 notes
1H52Cinéma / Culte & ClassiqueFrance
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Ferdinand vient de perdre son travail. Il décide de refaire sa vie avec Marianne, une jeune étudiante qu'il a jadis aimée. Marianne commence par lui annoncer qu'il faut se débarrasser du cadavre qui se trouve dans la pièce à côté, un trafiquant à mi-chemin entre la politique et le gangstérisme... Avec un polar comme scénario, Godard semble réinventer le cinéma. Poème bleu et rouge où la mer redevient mythique et les humains des dieux.

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Critiques (2)

Arts - Jean-Louis Bory: Pierrot le Fou
" Comme dirait Marianne Renoir : faut être complètement con pour trouver ça mystérieux. Le détail de la péripétie; l'agencement du trafic d'armes, de quel côté travaille cet affreux-là; pour qui cet affreux-ci; ce que Marianne mijote dans sa petite tête (le sait-elle elle-même ?) - aucune importance ; Godard n'écrit pas un roman policier.
Tout cela est parfaitement clair au demeurant. Ce qui compte, c'est que la bataille, l'amour, la haine, l'action, la violence, la mort, au-delà de leurs accidents particuliers (...) composent une émotion en laquelle Godard, par la bouche de Sam Fuller, voit l'essence du cinéma. Une chaleur proprement vitale. Pierrot le fou, c'est par la couleur et le mouvement, la desciption visuelle de cette émotion essentielle (...)
Je ne sais si Godard aime Virginia Woolf et je m'en moque. Mais, incurablement littéraire, en cet admirable film, tendre et cruel, terrible et drôle, où chante surtout ce qui existe "entre les actes" et compose le tissu même de la vie, j'applaudis en m'emerveillant un film prodondément woolfien (...)
Au vrai, j'ai toujours l'impression que, dans chacun de ses films, Godard fourre tout ce qui l'a frappé depuis qu'il a tourné le précédent. Ce qu'il aime et ce qu'il déteste. Si bien que chacun de ses films s'enrichit d'un reflet de l'actualité sous toutes ses formes - Devos et la Guerre du Vietnam- et que ce présent-là, qui est la présence des autres, participe du tissu de la vie (...)
Aidé de Coutard, jamais Godard n'a regardé avec plus d'attention, plus d'émotion, des fleurs, des arbres, le ciel, le sable et surtout la mer. L'oeil du peintre. Et l'accord se révèle si intime entre cette nature et les personnages qu'il semble normal, par exemple, de voir ces deux hors-la-loi marcher dans l'eau avec le plus grand naturel. Ce n'est pas drôle, cela va de soi. Comme va de soi, en dépit du désespoir final, la fabuleuse joie de vivre qui fait flamber la folie de Pierrot. Flamber à mort. Et il me plait que Pierrot se barbouille de bleu comme un sauvage, comme un fou - du bleu de la mer et du bleu du ciel, lui qu'angoisse et terrifie la couleur rouge du sang, et qu'il choisisse pour sa mort de se transformer lui-même en bouquet terminal de feu d'artifice, ce qui est sa façon de se volatiliser, de regagner la Lune complaisante aux poètes et aux fous, satellite -le sait-on assez ?- de cette merveilleuse planète, la Terre, que les hommes rendent invivables.
Tout est dit, et avec cette inimitable liberté qui est celle de Godard et qui est la marque de l'artiste en pleine possession de ses moyens. Tout est dit cette fois encore et il reste la mer - comme à la fin du Mépris. La même mer, celle de Valéry :
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux."
Cahiers du Cinéma - Jean-André Fieschi et André Téchiné, Octobre 1965: Pierrot le Fou
" Avec Pierrot le fou, c’est comme si nous ignorions tout de Godard, de la critique et du cinéma. L’œuvre était pourtant « prévisible », qui fait sur plus d’un point la somme des neuf autres, reprenant tour à tour thèmes, situations, personnages, couleurs, propos et drames d’À bout de souffle à Bande à part, du Mépris à Une femme est une femme, mais pour mieux les laisser derrière elle. (...)
La première tentation est d’isoler le film comme un accident, peut-être appelé par l’incurvation abrupte d’À bout de souffle ou l’impressionnisme douloureux de Bande à part. Approche de surfaces, détails : la coloration et le rythme nous guident plutôt, par les différences et les exceptions mêmes, vers Une femme est une femme où la disposition fissurée, fêlée, rompue, de l’exposition, au lieu de provoquer quelque régression dilate les figures, les souligne en les élargissant, visant une amplitude si démesurée que son atteinte interdit toute survivance et bascule du même coup, exténuée, en déséquilibre. Tension hésitante, intermittente, têtue, d’Une femme est une femme  : sans participer d’un mouvement circulaire vouant le film à une répétition discontinue (Une femme mariée), le récit prenait le temps de revenir en arrière.
Dans Pierrot le fou, les variations ne sont pas étales, divergentes, mais précipitées, répercutées. Au lieu d’être évalué, le hasard est traversé. Le mouvement transversal empêche chaque obstacle, crevant l’étendue et l’équilibre apparent qu’elle impose. Godard ne filme pas les cassures mais le vol en éclats, la succession. Non plus un dépliement, une juxtaposition, mais un accéléré. Le film raconte une seconde - bruits et couleurs apparus par mouvance, réfraction, éblouissement - et la fuite de ce qu’elle comporte, sans souci de traces ou de récupérations. (...)
Comme La Forêt interdite dont il détient l’exacerbation, entre le bleu et l’atroce, Pierrot le fou possède la pulsion crispée d’une naissance, chute amorcée, vécue et rêvée, sorte d’initiation. Mais au fil de l’élan qu’il s’efforce de mettre à jour s’imprime en transparence un mouvement parallèle et contradictoire où subsistent les traînées sanglantes, les giclées écarlates dont la fréquence rappelle autant de barrières susceptibles d’empiéter sur le tracé originel, de le perturber, voire de l’arrêter.
Si bien que la fuite éperdue, la traversée solitaire, semble puiser son énergie, sa conviction, de la menace qui la guette et dont le déploiement afflue par vagues subites de plus en plus pressantes, imposant les parcours secondaires, les échappatoires, les déviations. Et la course de Pierrot rattrape sa menace, ouverte à une autre chute possible, à une prochaine seconde à vivre..."

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