Si c'était de l'amour
1H22Documentaire / Théâtre et DanseFrance
Présenté au Panorama de la 70ème Berlinale et soutenu par l'ACID, "Si c'était de l'amour" suit quinze jeunes danseurs, d’origines et d’horizons divers. Ils sont en tournée pour danser Crowd, une pièce de Gisèle Vienne inspirée des raves des années 90, sur l’émotion et la perception du temps. En les suivant de théâtre en théâtre, "Si c’était de l’amour" documente leur travail et leurs étranges relations. Car les frontières se troublent. La scène a l’air de contaminer la vie – à moins que ce ne soit l’inverse. De documentaire sur la danse, le film se fait alors voyage troublant à travers nos nuits, nos fêtes, nos amours.
Premier rôle : Philip Berlin
Premier rôle : Marine Chesnais
Premier rôle : Kerstin Daley-Baradel
Premier rôle : Sylvain Decloitre
Premier rôle : Sophie Demeyer
Premier rôle : Vincent Dupuy
Premier rôle : Massimo Fusco
Premier rôle : Núria Guiu Sagarra
Premier rôle : Rehin Hollant
Premier rôle : Antoine Horde
Premier rôle : Georges Labbat
Premier rôle : Oskar Landström
Premier rôle : Theo Livesey
Premier rôle : Louise Perming
Premier rôle : Katia Petrowick
Second rôle : Richard Pierre
Second rôle : Anja Röttgerkamp
Second rôle : Jonathan Schatz
Second rôle : Gisèle Vienne
Second rôle : Henrietta Wallberg
Second rôle : Tyra Wigg
Second rôle : Sylvain Decloitre
Second rôle : Sophie Demeyer
Second rôle : Vincent Dupuy
Second rôle : Massimo Fusco
Second rôle : Núria Guiu Sagarra
Second rôle : Rehin Hollant
Second rôle : Antoine Horde
Second rôle : Georges Labbat
Second rôle : Oskar Landström
Second rôle : Theo Livesey
Second rôle : Louise Perming
Second rôle : Katia Petrowick
Réalisation : Patric Chiha
Producteur : Charlotte Vincent
Directeur de la photo : Jordane Chouzenoux
Montage : Anna Riche
Son : Pierre Bompy
Auteur de l'oeuvre originale : Gisèle Vienne
- Date de sortie en salles : 04 mars 2020
- Type de film : Long métrage
- Couleur : Couleur
- Langue : Anglais
- Date de production : 2019
- Pays de production : France
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Critiques (2)
Trois couleurs - Quentin Grosset: Si c'était de l'amour
"Le cinéaste autrichien Patric Chiha (Brothers of the Night) interprète librement la pièce Crowd (2019) de son amie d’adolescence, la chorégraphe Gisèle Vienne. Une échappée fantasmatique et entêtante dans la nuit, et les fictions qu’on s’y fait.
En 2009, dans son premier long métrage, Domaine, Patric Chiha nous emportait avec une scène de boîte de nuit qui reste l’une des plus puissantes et hypnotiques vues au cinéma. Sur un fond noir enfumé, les corps se détachaient dans des chorégraphies au rythme ralenti pensées par Gisèle Vienne. On retrouve cette ambiance à la fois frénétique et voluptueuse dans Si c’était de l’amour, où la nuit en club est filmée comme un rituel ouvrant nos perceptions, altérant notre appréhension du temps.
Le cinéaste a filmé les répétitions de Crowd de Gisèle Vienne, pièce dans laquelle la chorégraphe ausculte, décompose, fait varier les vitesses des mouvements de quinze danseurs recréant sur scène une rave des nineties. D’abord portrait de Gisèle Vienne en pleine création (émouvant, car on sent bien toute l’amitié que porte Chiha à l’artiste), le film décolle vite pour laisser la parole aux danseurs (ce qu’ils vivent sur et hors de la scène) et se jeter et se perdre dans leurs gestes furtifs qui portent un millier d’histoires. Circulation des désirs, magnétisme des regards, force des sentiments et sinuosité des sensations : autant d’événements impalpables auxquels la caméra s’abandonne, comme pour retenir tout ce que la nuit a de fugace et tend à accélérer."
En 2009, dans son premier long métrage, Domaine, Patric Chiha nous emportait avec une scène de boîte de nuit qui reste l’une des plus puissantes et hypnotiques vues au cinéma. Sur un fond noir enfumé, les corps se détachaient dans des chorégraphies au rythme ralenti pensées par Gisèle Vienne. On retrouve cette ambiance à la fois frénétique et voluptueuse dans Si c’était de l’amour, où la nuit en club est filmée comme un rituel ouvrant nos perceptions, altérant notre appréhension du temps.
Le cinéaste a filmé les répétitions de Crowd de Gisèle Vienne, pièce dans laquelle la chorégraphe ausculte, décompose, fait varier les vitesses des mouvements de quinze danseurs recréant sur scène une rave des nineties. D’abord portrait de Gisèle Vienne en pleine création (émouvant, car on sent bien toute l’amitié que porte Chiha à l’artiste), le film décolle vite pour laisser la parole aux danseurs (ce qu’ils vivent sur et hors de la scène) et se jeter et se perdre dans leurs gestes furtifs qui portent un millier d’histoires. Circulation des désirs, magnétisme des regards, force des sentiments et sinuosité des sensations : autant d’événements impalpables auxquels la caméra s’abandonne, comme pour retenir tout ce que la nuit a de fugace et tend à accélérer."
Cineuropa - Fabien Lemercier: Si c'était de l'amour
""Explorez les rotations et essayez de trouver une respiration commune." C’est à un sensationnel voyage élargissant le champ de la perception du temps, de l’espace, du mouvement et des émotions que l’Autrichien Patric Chiha invite les spectateurs de son documentaire Si c’était de l’amour, une œuvre très puissante présentée au Panorama de la 70e Berlinale. Un film qui signe la fusion exceptionnellement réussie d’un spectacle de danse hors normes, Crowd de Gisèle Vienne, et de la sensibilité extralucide d’un cinéaste sachant capter les oscillations les plus infimes, répercuter les sensations les plus violentes et magnifier un sujet que beaucoup auraient traité comme une banale captation.
15 jeunes danseurs se préparent à entrer en scène, à prendre la lumière, à se fondre les uns dans les autres, à se dissocier, à s’abîmer dans le néant, à tenter d’être ou de renaître, à livrer collectivement "un combat en douceur" pour une performance collective inspirée des raves des années 1990. La musique techno bat le tempo d’une chorégraphie jouant sur l’hyper-ralenti tandis que la caméra glisse au plus près des visages, des temps de suspension, des saccades, des effondrements et des pulsions. Un tableau vivant offrant une immense liberté de regard à son public, comme un organisme multicellulaire en très lente gestation hypnotique. Un tourbillon d’attractions et de répulsions, de déchainement et de calme, d’étreintes et de solitudes, de tendresse et de brutalité, des sentiments exacerbés que Gisèle Vienne peaufine avec une extrême précision en guidant ses interprètes durant les répétitions filmées par Patric Chiha. Ancrage dans le sol, équilibre, rebond, réglage des déplacements : chaque nuance de mouvement est travaillée avec une immense minutie créative ("il y a des papillons autour de vous", "tout ce que vous touchez est vraiment beau") dont la caméra retranscrit toute l’expressivité subtile. Car c’est d’émotions très fortes dont il est question, des affects humains archétypiques explorés si profondément et intensément qu’ils troublent hors de la scène les danseurs incarnant les différents personnages (dont une associable, un transsexuel, un nazi). "C’est censé être une fiction, mais dans le spectacle, elle est terrifiante. Tu sens qu’elle est dangereuse. Certains soirs, c’est comme une agression, comme un trou noir qui t’attire."
En distillant quelques témoignages de quelques danseurs discutant entre eux en coulisses de leurs rôles ou se confiant à lui, le réalisateur dévoile la porosité et la fragilité de la frontière entre l’art et la vie, et il introduit aussi quelques respirations salutaires dans un documentaire spectaculairement fiévreux. Car c’est surtout dans les séquences sur scène que Si c’était de l’amour prend toute son incroyable et fascinante dimension organique restituée à merveille par les talents conjugués de la photographie (signée Jordane Chouzenoux) et du montage (Anna Riche). Le cinéaste réussit donc haut la main son pari de laisser se déployer librement le sens à partir du mouvement et d’ouvrir au spectateur un horizon passionnant de possibles particulièrement percutant et stimulant."
15 jeunes danseurs se préparent à entrer en scène, à prendre la lumière, à se fondre les uns dans les autres, à se dissocier, à s’abîmer dans le néant, à tenter d’être ou de renaître, à livrer collectivement "un combat en douceur" pour une performance collective inspirée des raves des années 1990. La musique techno bat le tempo d’une chorégraphie jouant sur l’hyper-ralenti tandis que la caméra glisse au plus près des visages, des temps de suspension, des saccades, des effondrements et des pulsions. Un tableau vivant offrant une immense liberté de regard à son public, comme un organisme multicellulaire en très lente gestation hypnotique. Un tourbillon d’attractions et de répulsions, de déchainement et de calme, d’étreintes et de solitudes, de tendresse et de brutalité, des sentiments exacerbés que Gisèle Vienne peaufine avec une extrême précision en guidant ses interprètes durant les répétitions filmées par Patric Chiha. Ancrage dans le sol, équilibre, rebond, réglage des déplacements : chaque nuance de mouvement est travaillée avec une immense minutie créative ("il y a des papillons autour de vous", "tout ce que vous touchez est vraiment beau") dont la caméra retranscrit toute l’expressivité subtile. Car c’est d’émotions très fortes dont il est question, des affects humains archétypiques explorés si profondément et intensément qu’ils troublent hors de la scène les danseurs incarnant les différents personnages (dont une associable, un transsexuel, un nazi). "C’est censé être une fiction, mais dans le spectacle, elle est terrifiante. Tu sens qu’elle est dangereuse. Certains soirs, c’est comme une agression, comme un trou noir qui t’attire."
En distillant quelques témoignages de quelques danseurs discutant entre eux en coulisses de leurs rôles ou se confiant à lui, le réalisateur dévoile la porosité et la fragilité de la frontière entre l’art et la vie, et il introduit aussi quelques respirations salutaires dans un documentaire spectaculairement fiévreux. Car c’est surtout dans les séquences sur scène que Si c’était de l’amour prend toute son incroyable et fascinante dimension organique restituée à merveille par les talents conjugués de la photographie (signée Jordane Chouzenoux) et du montage (Anna Riche). Le cinéaste réussit donc haut la main son pari de laisser se déployer librement le sens à partir du mouvement et d’ouvrir au spectateur un horizon passionnant de possibles particulièrement percutant et stimulant."
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Gwen10 octobre 2020