Tharlo est un berger tibétain qui mène une existence paisible dans la montagne. A l’aune de ses quarante ans, il est convoqué par les autorités locales. Les nouvelles directives du gouvernement imposent la possession d’une carte d’identité pour tous les citoyens de la République Populaire de Chine. Tharlo doit donc se rendre en ville, et affronter un monde qui est à des années-lumière du sien. Il y rencontre Yangsto, une jeune et jolie coiffeuse, dont il tombe amoureux...

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Critique (1)

Libération - Marcos Uzal: Tharlo, le berger tibétain
"Ne pas suivre une seule piste, ne rien affirmer ou figer, diluer la critique sociale dans quelque chose de plus vaste et insaisissable, est peut-être aussi une manière pour le cinéaste d’échapper à la censure dans un pays où elle sévit encore beaucoup et parfois violemment, notamment envers tout ce qui concerne la question tibétaine. Et ça marche, puisque le film est sorti dans toute la Chine et y a même connu un succès inédit pour un film tibétain. L’important est que toutes les couches qui constituent le film se superposent en douceur et contribuent à ne jamais le figer dans un point de vue ou à le réduire à une fable. Et comme le récit, son personnage principal évolue, se métamorphose au gré d’un parcours soumis à des obligations sociales puis y résistant. Tout est question d’identité : ne pas correspondre à l’image que les autres se font d’un berger, ne pas comprendre à quoi sert une carte d’identité, être transformé par le regard d’une autre, prendre conscience de son sort et vouloir le fuir jusqu’à modifier son apparence, quitter son travail, sortir de son paysage. Et même échapper en partie au spectateur à travers un récit lacunaire, plein de trous, de non-dits, où les scènes s’étirent dans une durée qui épuise le sens et la psychologie (non sans une certaine complaisance parfois, mais ça n’est pas très grave). Et, entre-temps, sans que jamais rien ne soit totalement résolu ou offert, nous éprouvons des lieux, entendons une langue (le dialecte tibétain de l’Amdo), devinons des tensions politiques et sentimentales, des désirs, des angoisses (pesanteur bureaucratique, peur du loup, malaise diffus trahissant une oppression permanente) à travers lesquelles une part méconnue du monde nous est rendue immédiatement présente, et d’autant plus réelle qu’elle nous résiste."

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